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Musée de la toile de Jouy : l’épopée d’Oberkampf, un jeune homme entreprenant

Dernière mise à jour : il y a 6 jours

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(par Olivier THIBAUD)


Installé dans le château de l'Églantine, le musée de la Toile de Jouy raconte l'histoire du tissu qui a le plus marqué la France post-révolutionnaire.

Choisie au XVIIIe siècle tant pour sa localisation près de la Bièvre, réputée pour la qualité de son eau, que pour sa proximité avec Versailles, la ville de Jouy-en-Josas a servi de terre d’accueil à la manufacture Oberkampf (1) avant d’abriter le musée de la toile de Jouy.


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Le château de l'Églantine où se situe le musée de la Toile de Jouy


La toile de Jouy était un tissu à prix abordable, qui a permis à toutes les femmes, y compris de condition modeste, d’avoir accès à de jolis tissus à motifs, imitant les tissus coûteux importés d’Asie en étant également durables et résistants.


Le musée de la Toile de Jouy témoigne de la manière dont le goût pour ce textile s’est propagé en France.


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La toile de Jouy : un imprimé révolutionnaire


Depuis 1991, le château abrite le musée de la toile de Jouy, créé en 1977, consacré aux toiles imprimées que fabriquait la manufacture Oberkampf.

Ces toiles imprimées, très à la mode au XVIIIe siècle, étaient connues sous le nom de toile de Jouy.


Le visiteur y découvre le matériel d’impression et les dessins anciens utilisés pour réaliser les toiles de Jouy, ainsi que des planches de bois, plaques et rouleaux de cuivre, produits de teinture et cadres sérigraphiques utilisés pour imprimer cette toile de 1760 à 1843.


Les parterres fleuris devant l'entrée du château, en forme de simples rectangles allongés.

Ils simulent les toiles qui étaient étendues au soleil dans les champs entourant la manufacture.


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Les collections : l’iconographie des toiles de Jouy


Les dessins qui composent les toiles de Jouy peuvent être divisés en deux catégories :

les toiles florales et les toiles narratives.


Les toiles florales forment le groupe le plus important, comprenant environ 30 000 motifs floraux.

Les toiles narratives, quant à elles, comptent environ 546 sujets imprimés narratifs.

Les toiles florales étaient souvent imprimées en bloc.

Le motif floral permettait aux dessinateurs et artisans de varier les gammes chromatiques.

Les couleurs vives et variées les rendaient ainsi appropriées à la décoration, aux tissus d’ameublement mais également aux vêtements.

Si à l’origine les goûts penchaient vers des motifs copiant les chintz indiens, les « plantes et fleurs occidentales comme les glands, les feuilles de chêne, le houx …, les plumes et les imprimés animaux » supplantent l’iconographie des cotonnades indiennes.


Les toiles narratives, d'abord imprimées sur plaque, puis sur rouleau, portaient sur une grande variété de sujets :

littéraires, politiques, commémoratifs, etc.


Aux XVIIIe et XIXe siècles, « pastorales et scènes galantes, fêtes et jeux villageois, saisons et chasses, divertissements dans les jardins en vogue, constituent le sujet dominant des toiles imprimées représentant des scènes à personnages. »

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Les premières collections du musée de la toile de Jouy


Le Musée est avant tout consacré à l’ancienne manufacture de toiles imprimées fondée à Jouy-en-Josas par Christophe-Philippe Oberkampf.

On peut y voir des collections de Toiles de Jouy (indiennes et toiles à personnages), du matériel d’impression et des dessins anciens.

La famille du Manufacturier, son cadre de vie, ses souvenirs, ne sont pas oubliés :

mobilier du XVIIIe siècle, objets précieux et garde-robe évoquent l’univers de Christophe-Philippe Oberkampf.

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La collection du musée aujourd’hui


Depuis sa création au château en 1991, le musée a donc enrichi sa collection pour y inclure tous les aspects du processus de production des toiles de Jouy.

Des esquisses et des estampes préliminaires, mais également des blocs de bois, des plaques de cuivre sculptées peuvent être observées dans le musée.


La collection, très exhaustive, de toiles de Jouy de l'usine Oberkampf est complétée par une vaste collection de textiles imprimés du XVIIIe siècle.

Les visiteurs auront la joie de découvrir des chintz importés d'Inde dans les années 1760, mais aussi des productions de concurrents français d'Oberkampf basés à Nantes, en Normandie et en Alsace.


Outre des exemples de costumes contemporains fabriqués à la toile de Jouy et une collection d’œuvres réalisées par de grands artistes français (dont Boilly et Vernet par exemple) exposant des robes en telles que celles-ci étaient arborées au XVIIIe siècle, de magnifiques objets de la collection familiale Oberkampf sont aussi visibles.


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Christophe-Philippe Oberkampf


(1) Oberkampf un jeune homme entreprenant


Héritier d’une longue lignée de teinturiers germaniques, Christophe-Philippe Oberkampf est formé à la gravure et au dessin dans les manufactures suisses.

Il est appelé à travailler pour des ateliers d'impression sur étoffe dès 1756, à Mulhouse d’abord, chez Koechlin, Dolfus et Cie; puis à Paris en 1758, chez Jacques-Daniel Cottin, dans l’enclos de l'Arsenal.

Il y exerce le métier de graveur-coloriste.

S'il obtient rapidement le poste de directeur général, Oberkampf a l'ambition d'ouvrir son propre atelier.

Pour cela, s'associe avec son frère Friedrich et Antoine Guerne de Tavannes, Suisse du roi au contrôle général des Finances.


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Anne-Elisabeth Oberkampf


À la recherche d’un lieu idéal pour implanter leur atelier, Christophe-Philippe remonte l'affluent de la Bièvre depuis l’Arsenal, afin de trouver l'eau la plus pure qui soit.

Jouy-en -Josas offre une situation idéale pour la qualité de son eau, le foncier disponible et la proximité avec Versailles et la Cour royale.

En1759. ce village est peuplé de moins de 500 habitants, vivant essentiellement du travail de la terre.


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De l’atelier a la manufacture


La réussite de l'entreprise de Christophe-Philippe Oberkampf est à l'aune de l’énergie sans limite qu’il investit dans le développement technique d'une manufacture qu'il veut innovante, la qualité créative des produits qui le distingue des autres imprimeurs, et l’élaboration d'un modèle économique empreint de principes paternalistes tout comme d'une organisation rigoureuse du travail.

Il sait s'entourer des meilleurs ouvriers qu'il fait venir de Suisse, implique les membres de sa famille à des postes clés de la direction, et trouve dès 1762, des associés de confiance en la personne de Joseph-Alexandre Sarrasin de Maraise et son épouse Marie-Catherine.


Mais la grande et capitale révolution a été l’Indienne


Toute femme portait jadis une robe bleue ou noire qu'elle gardait 10 ans sans la laver, de peur qu'elle ne s'en allât en lambeaux.

Aujourdhui, son mari, pauvre ouvrier, au prix d'une journée de travail, la couvre d’un vêtement de fleurs.

Ces changements qu'on croit futiles, ont une portée immense.


C’est un progrès du peuple dans l’extérieur et l’apparence, sur lesquels les hommes se jugent entre eux


Christophe-Philippe Oberkampf, grâce à son procédé d'impression à l'Indienne, est de fait l’un des pionniers de la Révolution industrielle en France.

Le secteur textile est alors le fer de lance de l'économie nationale, avant la métallurgie.


Les dix premières années qui suivent la création de son atelier, l'indienneur travaille à bâtir de solides fondations afin d'établir une importante manufacture.


Celle-ci deviendra Manufacture Royale par lettres patentes en 1783, dotant l'entreprise d'Oberkampf de privilèges commerciaux et d'une reconnaissance publique en France comme à l'étranger.


En 1805, la manufacture de Jouy emploie 1 318 personnes, des « gamins épingleurs » aux dessinateurs placés au sommet de la hiérarchie.


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La famille Oberkampf


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Carré de soie Hermès : interprétation moderne du procédé Oberkampf


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Marquis de la Paillette : une interprétation moderne de la toile de Jouy par Jean-Charles de Castelbajac



En savoir plus :



Situation :


Jouy-en-Josas est une ville située à 15 km de Paris dans la vallée de la Bièvre

Elle est desservie par la gare de Petit Jouy - Les Loges sur la ligne V du Transilien (ancienne branche de la Ligne C du RER).


A voir également, la maison de Léon Blum :


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La maison de Léon Blum


Située sur la commune de Jouy-en-Josasn c’est la dernière demeure occupée par l’homme d'État et conseiller d'État français Léon Blum (182-1950) :

elle était à l’origine la résidence de villégiature de la princesse Murat.

Cette maison est une ancienne fermette également appelée « Clos des Metz ».

Jeanne, encore mariée à son deuxième époux Henri Reichenbach, acquiert la maison et son terrain de 19 hectares en 1937 pour offrir à son fils Jean, asthmatique, un meilleur cadre de vie.


Durant la guerre, la maison est réquisitionnée et occupée par les allemands. A leur libération, Jeanne propose à son époux de venir s’installer avec elle à Jouy-en-Josas.

Pendant un mois, ils sont logés au Palais du Luxembourg car la maison doit être remise en état.

Comme le souhaitait Jeanne Blum, les vallonnements dus aux bombardements sont conservés dans le parc.

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Le bureau-bibliothèque de Léon Blum


Léon Blum vit durant 5 années dans cette maison.

Il reprend brièvement ses activités d’homme d’État puis se retire du premier plan de la vie politique française.

Dans son bureau-bibliothèque, il se consacre à l’écriture et la lecture.

Il reçoit également de nombreuses personnalités politiques en quête de conseils.

Il y est décédé en mars 1950.


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Léon Blum à 56 ans


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