Résistance, Shoah et déportations en Seine-Saint-Denis : afin que nul n’oublie !
- Olivier THIBAUD
- il y a 3 jours
- 4 min de lecture

Les stèles détaillant les convois de déportés depuis les gares de Bobigny et du Bourget
(par Olivier THIBAUD)
Entre 1943 et 1945, la Seine-Saint-Denis a été le théâtre de plusieurs épisodes tragiques de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont été internés en Seine-Saint-Denis avant d'être acheminés vers les camps de concentration et d'extermination d'Allemagne et de Pologne.

L'entrée du camp d'internement de Drancy
Afin que ces lieux, témoins importants pour l'histoire et la mémoire de cette sombre période ne sombrent pas dans l’oubli, il a été décidé de la mise en réseau de ces lieux de mémoire.
C'est le projet « Mémoires en réseau. Résistance, Shoah et déportations en Seine-Saint-Denis » né en novembre 2023.
« À l’heure où les derniers témoins de cette période disparaissent, où les vérités sont malmenées et où les actes antisémites croissent, y compris dans les établissements scolaires, l'enjeu de transmission de cette mémoire au plus grand nombre et d'éducation à la citoyenneté pour les jeunes de notre territoire et au-delà est primordial, » rappelle Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis.
Nous avons visité pour vous trois des sites de ce projet.

L'entrée du fort de Romainville
Fort de Romainville, Les Lilas : 3 900 femmes et 3 100 hommes détenus
La visite du site, actuellement fermé au public, a été commentée par Thomas Fontaine, historien spécialiste de la déportation sous répression en France pendant l’Occupation.
Fort militaire datant du milieu du XIXe siècle, le fort de Romainville, situé dans la commune des Lilas, fut réquisitionné par les forces d’occupation allemande en 1940.
Il est transformé dès l'automne 1940 en camp d’internement puis de transit pour les personnes résistantes et victimes de la répression.
Y furent internés majoritairement des femmes ensuite déportées au camp de Ravensbrück en Allemagne.
Actuellement fermé au public, le fort accueillera le premier Mémorial national des femmes en résistance et en déportation en 2028.
Ce projet est porté par la ville des Lilas et le Musée de la Résistance nationale.

Thomas Fontaine détaille les graffiti de l'une des casemates

Dernières traces laissées sur le mur d’une des casemates du fort : avant le départ Bedrich Glaser est déporté le 27 mai 1943 à Trèves. Christian Cheveau part de Compiègne pour Buchenwald le 2 septembre 1943, il réussit à s’évader du convoi
Fort de Romainville (Les Lilas)
1 avenue de la Résistance
93260 Les Lilas

Cité de la Muette à Drancy : le bâtiment en U a servi de camp d'internement puis de transit
Mémorial de la Shoah à Drancy : 63 000 Juifs déportés
Face à la Cité de la Muette à Drancy, a été édifié le Mémorial de la Shoah à Drancy
Éléonore Ward, directrice du Mémorial de la Shoah, en assurait la visite.
la Cité de la Muette est un ensemble de logements sociaux construits dans les années 1930.
Elle fut réquisitionnée en 1941 par les nazis pour en faire le principal camp d'internement puis de transit, à partir de l'été 1942, des Juifs et Juives de France qui étaient déportés dans les centres de mise à mort.
80 000 y ont été internés et parmi eux 63 000 furent déportés directement depuis ce camp.
Aujourd'hui redevenu un ensemble de logements sociaux, le site est classé Monument historique.
Le Mémorial de la Shoah qui lui fait face est un lieu d'éducation et de médiation sur l'histoire de l'internement et de la déportation depuis le camp de Drancy.

Type de wagon où étaient entassés de 50 à 80 déportés

Mémorial de la Shoah à Drancy
110-112 avenue Jean Jaurès 93700 Drancy

Mémorial de l’ancienne gare de déportation de Bobigny : 22 500 déportés
Le site, ouvert au public à l’été 2023, a été présenté par Abdel Sadi, maire de Bobigny, et de Dominique Dellac, vice-présidente chargée du patrimoine culturel, avant de poursuivre par une visite commentée par Adèle Purlich, directrice du Mémorial.
Les gares du Bourget-Drancy et de Bobigny ont été les lieux de départ de 63 convois vers les camps de mise à mort entre 1942 et 1944.
Implantée en 1871, la gare du Bourget-Drancy a été le principal point de départ de la déportation des Juifs et Juives de France vers Auschwitz-Birkenau entre mars 1942 et juin 1943, avec 40 450 Juifs et Juives, hommes, femmes et enfants déportés par 42 convois, sur 74 000 déportés depuis toute la France.
Si le quai historique du Bourget a été détruit, celui de Bobigny a été préservé et aménagé.
À partir de juillet 1943 et jusqu'à l’été 1944, la gare de Bobigny est le second lieu majeur de départ de la déportation des Juifs et Juives de France.
Durant cette période, au sein de 21 convois, sont déportés 22 500 hommes, femmes et enfants - soit un tiers des déportés juifs de France- principalement vers Auschwitz-Birkenau.
Seul exemple de gare ayant servi à la déportation restée proche de sa configuration des année 1940, le site est désormais un mémorial au public.

La gare de Bobigny

Le quai d'embarquement
Mémorial de l’ancienne gare de déportation de Bobigny
151 avenue Henri Barbusse
93000 Bobigny

Les visites
La visite du Mémorial de l’Ancienne gare de déportation de Bobigny et du Mémorial de la Shoah de Drancy est libre et gratuite.
Par ailleurs des visites guidées par des médiateurs et des balades avec des guides-conférenciers sont proposées toute l’année.
Ces balades et parcours de visite abordent la question de la Shoah, de la déportation, de l’occupation et de la résistance en Seine-Saint-Denis.
Les places pour ces visites et activités, dont certaines sont gratuites, sont limitées et à réserver sur la plateforme Explore Paris.
Renseignements sur les sites web :