La Vienne autrement
- Olivier THIBAUD
- il y a 4 jours
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Dernière mise à jour : il y a 1 jour
Chauvigny, cité médiévale aux cinq châteaux
(par Olivier THIBAUD)
Le département de la Vienne, situé en région Nouvelle-Aquitaine, offre une multitude de raisons de le visiter, que vous soyez en famille, en couple ou entre amis.
Nous vous épargnons cette fois l’incontournable parc d'attractions du Futuroscope tout comme Poitiers, la "ville aux cent clochers".
La Vienne c’est un riche patrimoine historique et culturel qui nous conduira cette fois de l’Abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe à divers édifices religieux et châteaux dont Chauvigny, cité médiévale avec ses vestiges de cinq châteaux …
Accessible en moins de deux heures par voie ferrée, notre point d’entrée sera Châtellerault qui nous permettra de rejoindre Saint-Savin par le grand chemin de communication communément nommé la « ligne acadienne ».
Remonter le temps avec la « Ligne Acadienne »
La "Ligne Acadienne" est un ensemble historique et architectural unique situé dans le département de la Vienne, en France.
Elle est le témoignage de l'arrivée et de l'installation de familles acadiennes déportées du Canada au XVIIIe siècle.
En 1755, durant le "Grand Dérangement", des milliers d'Acadiens (descendants des colons français de l'Acadie, territoire correspondant aux actuelles provinces maritimes du Canada) furent brutalement déportés par les Britanniques.
Beaucoup d'entre eux furent dispersés à travers le monde, et une partie d'entre eux arriva en France.
Ferme acadienne et drapeau français frappé de l'étoile d'or
Dans les années 1773 et 1774, une expérience fut tentée en Poitou pour intégrer ces réfugiés.
Le marquis Pérusse des Cars, un physiocrate (partisan d'une théorie économique du XVIIIe siècle qui faisait de l'agriculture la principale source de richesse), leur proposa des terres pour s'installer.
Pour les accueillir, 58 fermes standardisées furent édifiées le long d'axes rectilignes, principalement sur les communes d'Archigny et de La Puye, près de Châtellerault.
Cet ensemble de fermes a pris le nom de "Ligne Acadienne".
Bien que l'expérience d'intégration ait été complexe et que de nombreux Acadiens aient finalement émigré vers d'autres destinations, notamment la Louisiane, le Poitou a conservé la trace de leur passage.
Environ 38 de ces fermes subsistent encore aujourd'hui et sont un patrimoine précieux.
La ferme n°10 à Archigny, par exemple, est l'une des plus proches de son état d'origine et sert souvent de lieu de mémoire.
La ferme acadienne réunit sous un même toit l'habitation, la grange, l'étable et le grenier.
Les murs étaient construits en pisé ou en « bousillis » (terre crue tassée mélangée à des brins de brande et de limon des plateaux), recouverts d'un enduit de chaux, et reposent sur une assise de moellons en silex.
Certaines de ces maisons conservent encore aujourd'hui leur état d'origine.
L'abbaye de Saint-Savin inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO
Abbaye de Saint-Savin : chef d’œuvre de la peinture murale en Europe
L'abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe est un joyau incontournable du département de la Vienne et un site majeur du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Elle est surnommée à juste titre la "Sixtine romane" en raison de l'exceptionnelle qualité et de la conservation de ses peintures murales.
Des fresques murales uniques au monde en font le point d'orgue de la visite.
En effet l'abbaye abrite la plus grande collection de peintures romanes d'Europe.
Environ 460 m² de fresques recouvrent les voûtes de la nef, du porche, de la tribune, du chœur et des cryptes.
Elles ont été réalisées à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle et sont parvenues jusqu'à nous dans un état de fraîcheur remarquable, ce qui est rarissime pour des œuvres de cette époque.
Les peintures murales racontent de manière grandiose des épisodes de l'Ancien Testament (Genèse, Exode) sur la voûte de la nef, la Passion du Christ dans la tribune supérieure du porche, et des scènes de martyres de saints (dont Saint Savin et Saint Cyprien) dans les cryptes.
C'est une véritable "Bible en images" qui se lit comme une bande dessinée géante.
Les fresques ont été réalisées sur enduit frais, ce qui a contribué à leur conservation exceptionnelle.
L'église abbatiale de Saint-Savin est aussi un exemple magnifique de l'architecture romane occidentale : c’est une "église-halle" (1) lumineuse dont la nef est particulièrement impressionnante par ses dimensions.
Jugez-en : 42 mètres de long, 17 mètres de large et une hauteur sous voûte de plus de 17 mètres !
Pic :
Au corps volumineux de l'église romane de Saint-Savin s'ajoute la silhouette élancée de sa flèche gothique du XIVe siècle, culminant à près de 80 mètres
L'arche de Noë, fresque de l'abbaye de Saint-Savin
La "Vallée des Fresques"
De Saint Savin à Saulgé, édifiés sur 20 km le long de la Gartempe, des monuments viennent conjuguer leurs particularités pour constituer une route thématique le long de la Vallée de la Gartempe.
L'Abbaye de Saint-Savin est le point de départ et le fleuron de la "Vallée des Fresques", un itinéraire qui permet de découvrir d'autres églises et chapelles du Sud Vienne Poitou ornées de peintures murales de différentes époques, témoignant d'une riche tradition picturale médiévale dans la région.
Diane de Moussac présente son Carnet de voyage de la Vallée des Fresques
Désormais privé, le Château de Boismorand n'est pas accessible au public
Nous poursuivons par l'Église d'Antigny avant d’atteindre le Château de Boismorand où nous accueille Diane de Moussac née dans ce château ayant appartenu à sa famille et aujourd'hui propriété d’un Américain de la Nappa Valley en Californie (2)
Chapelle du Château de Boismorand
La chapelle du Château de Boismorand est seule a avoir conservé son décor d'origine intact :
s’y lisent l'illustration du cycle de l'enfance du Christ, les représentations du jugement dernier, le « dict » (a) des trois morts et des trois vifs, le Christ en gloire entouré du « Tétramorphe » (b).
"Le dict des trois morts et des trois vifs" est un thème artistique et littéraire médiéval très répandu, particulièrement aux XIVe et XVe siècles.
Il met en scène la rencontre inopinée de trois jeunes nobles vivants (souvent représentés en train de chasser) avec trois cadavres en décomposition.
L'église d'Antigny et son "caquetoir" sur la droite
(a)
L'objectif principal de ce thème est de rappeler la vanité de la vie terrestre et la certitude de la mort, quel que soit le rang social ou la richesse.
C'est une puissante méditation sur la mort comme égalisatrice.
Dans les différentes versions de ce "dict" (qui signifie "récit" ou "poème"), les morts s'adressent aux vifs pour leur délivrer un message moralisateur :
- le premier mort, souvent un duc, souligne l'inéluctabilité de la mort ;
- le deuxième mort, un comte, insiste sur le fait que la mort touche tout le monde, sans distinction sociale ;
- le troisième mort, un marquis, conclut que la seule façon de faire face à la mort est de mener une vie pieuse et d'éviter les péchés.
Les vifs, quant à eux, réagissent avec peur, lamentations ou, pour l'un d'eux, avec une prise de conscience et un encouragement à la repentance.
b)
Le Tétramorphe est une représentation des quatre évangélistes sous leurs formes allégoriques, (l'homme pour Saint Matthieu, l'aigle pour saint Jean, le taureau pour saint Luc et le lion pour saint Marc).
Chauvigny, aux cinq châteaux
Chauvigny, cité médiévale aux cinq châteaux : un voyage dans le temps
Chauvigny offre un voyage dans le temps avec pas moins de cina châteaux et une collégiale posés sur un éperon rocheux surplombant la vallée de la Vienne.
Son patrimoine remarquable niché au cœur de la cité médiévale présente la particularité unique pour l'Europe féodale de la coexistence des cinq châteaux : Harcourt, Gouzon, Mauléon, Flin et Baronnial .
Bâtie sur le même éperon, la Collégiale Saint-Pierre (XIe siècle), dont les chapiteaux signés « Gofridus » sont un bijou de l'art roman : leur renommée est mondiale !
Après trois années de restauration, leur contemplation ainsi que celle des fresques carolingiennes, classées parmi les plus anciennes d'Europe, est désormais possible.
Parmi d'autres activités proposées à Chauvigny :
- les Géants du Ciel, spectacle d'oiseaux de proie en vols libres ;
- le Vélo-Rail: parcours insolite et ludique sur un tronçon de 7 km de voie ferrée ;
- la Micro-Folie : accès gratuit aux grandes collections ;
- l'espace d'Archéologie industrielle retrace l'histoire de la ville avec la manufacture de porcelaine et les carrières de calcaire ;
- le musée des Traditions Populaires: maquettes de Chauvigny (du Néolithique au XIXe siècle), objets anciens (coiffes, outils…).
A ne pas manquer chaque samedi au cœur de la ville basse :
le « plus beau marché de la Vienne » qui réunit plus d'une centaine de producteurs et commerçants !
Les spécialités :
- les fromages de chèvre de la Ferme du Maras ;
- la production de truites fumées de la Pisciculture du Talbat.
Le château des Ormes : l'entrée majestueuse
Le château des Ormes : château des lumières
C’est l’un des plus grands châteaux du département de la Vienne.
L’édifice est passé de famille en famille, de comte en marquis pour finir entre les mains de Sidney Abbou, un passionné d’Histoire qui a à cœur d’accueillir le public en sa demeure.
En 1729, Marc-Pierre d'Argenson, chancelier, chef du conseil et surintendant des Finances du Régent, achète la baronnie des Ormes et toutes ses dépendances
Devenu Ministre de la guerre de Louis XV, il est victime d’un complot hourdi par La Pompadour.
Il est alors exilé aux Ormes, qui n’était alors que sa maison secondaire, après avoir été accusé d’être à l’origine de la tentative d’assassinat du roi.
Au centre de l’émulation intellectuelle du XVIIIe siècle, il y reçoit ses amis philosophes, tels que Voltaire, Diderot ou d’Alembert.
Lieu d’Histoire incontestable, l’Encyclopédie sera même dédicacée à l’un des prestigieux propriétaires du Château au XVIIIe siècle.
« C’est pour cela qu’on l’appelle le château des lumières, » précise l’actuel propriétaire.
Au milieu de la cour de la Poste aux chevaux des Ormes, le bassin destiné au rafraîchissement et au bain des chevaux.
La Poste aux chevaux des Ormes
Au départ, la Poste aux Chevaux est la poste du Roi.
Dès la fin du XVe siècle, certaines voies de grandes communications sont « mises en poste », c’est-à-dire pourvues de relais, pour accélérer la vitesse de déplacement à cheval.
Les Relais de Poste sont dirigés par un Maître de Poste appelé à l’origine Poste ou Tenant Poste pour le Roi ou Chevaucheur de l’écurie du Roi.
Le Chevaucheur transporte les correspondances royales au galop et change de monture à chaque relais.
La Guide ou Postillon accompagne le courrier et ramène le cheval au pas à son relais d’origine.
Les Relais de Poste vont disparaître avec le développement des lignes de chemin de fer.
En 1851, la ligne de chemin de fer Paris-Bordeaux est inaugurée.
Le 31 mai 1873, les Relais de Poste aux Chevaux sont officiellement supprimés.
Le Relais des Ormes se trouve sur la route Paris-Bordeaux, la route d’Espagne, dont le tracé a été révisé en 1752 alors que le Comte d’Argenson propriétaire de la baronnie des Ormes, Secrétaire d’État à la Guerre était aussi Grand Maître et Surintendant des Postes de Louis XV…
Le Pavillon Rose, La Roche-Posay
La Roche-Posay : ville thermale et plus !
La Roche-Posay est avant tout une ville thermale réputée pour son eau bienfaisante pour la peau.
Elle possède aussi un charme médiéval avec son donjon.
La Roche-Posay est une destination qui combine bien-être, histoire et nature, offrant une variété d'activités pour tous les goûts.
Cité du bien-être et du thermalisme, elle dispose d’une eau thermale unique, mondialement connue pour ses propriétés apaisantes, cicatrisantes et anti-inflammatoires, souvent surnommée "eau de velours".
Elle est la première station thermale européenne en dermatologie.
De nombreux visiteurs viennent pour des cures thermales spécifiques (dermatologie, post-cancer, etc.) ou simplement pour se détendre au Spa Source, qui propose une large gamme de soins bien-être (massages, bains, etc.).
La Roche-Posay c’est aussi le Donjon, imposant édifice en pierre de tuffeau, haut de 23 mètres, qui domine la ville et offre une plongée dans le passé avec des expériences intérieures (salle des échos, spectacle à 360°).
La cité médiévale a su conserver son caractère médiéval avec ses vieilles rues pavées, ses escaliers en pierre et son patrimoine architectural.
À noter les activités de nature et de loisirs :
- un parcours de golf 18 trous dans un cadre boisé ;
- un hippodrome de première catégorie (La Gâtinière) pour les amateurs de courses hippiques ;
- un casino pour les divertissements en soirée, 150 machines à sous, roulette, black-jack et spectacles…
En résumé, la Vienne est une destination qui s'adresse à un public très large, des jeunes enfants aux seniors.
Les parcs d'attractions, les parcs animaliers, les sites historiques, les activités de plein air et les lieux culturels offrent un éventail de choix pour satisfaire toutes les envies.
Visiter le département de la Vienne, c'est s'assurer un séjour riche en découvertes, en divertissement et en émotions, alliant modernité (Futuroscope) et authenticité (patrimoine médiéval et naturel).
(1)
Église-halle
Ce qui la rend unique pour une église romane est sa conception en "église-halle", où les nefs latérales sont aussi hautes que la nef centrale.
Cette particularité permet une grande luminosité intérieure grâce aux baies percées dans les murs gouttereaux.
(2)
Le Castello di Amorosa
La scène viticole locale de Calistoga de la Nappa Valley en Californie attire l’attention avec le Castello di Amorosa, château médiéval à plusieurs tours sur une colline construite par le vigneron d’origine italienne Dario Sattui.
Un époustouflant château toscan posé au milieu du vignoble .
Une visite du château de 121 000 mètres carrés (construit sur 15 ans avec des matériaux authentiques) avec ses cinq tours, cour et loggias, une ferme toscane, une grande salle décorée de fresques, des écuries, une prison, et même une chambre de torture (si vous n’aimez pas les vins ?).
Lire :
