Iliers-Combray : sur les pas de Marcel Proust, là où la frontière entre imagination et réalité n'existe pas.
- Olivier THIBAUD
- 18 mai
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 mai

Le jardin du musée Marcel Proust
(par Olivier THIBAUD, texte et photos)
Les souvenirs d’enfance romanesques de Marcel Proust se situent à Combray (aujourd’hui Iliers-Combray).
« Du côté de chez Swann » est le premier tome du cycle de « À la recherche du temps perdu ».
Le narrateur alors enfant vient y séjourner en famille.
Marcel Proust y place les fondements du roman.
Pour inventer Combray, Marcel Proust s'appuie sur les lieux qu'il a visités, mais aussi sur les souvenirs véridiques et chimériques que ces lieux lui ont laissés.
II dépeint avec vérité et talent les sentiments humains, souvent ceux qu'il a lui-même éprouvés.
Du côté de chez Swann traduit l’émerveillement naïf et spontané de l’enfance.
Chacun pourra se retrouver dans l'émouvante exploration de l'univers mental d'un petit garçon, où la frontière entre imagination et réalité n'existe pas.

L'église d'Iliers-Combray
C'est à Combray, petit bourg rural que la géographie proustienne place à quelques kilomètres de Châteaudun mais aussi à quelques kilomètres de Reims, dans la Marne (51) et de Laon, dans l’Aisne (02), que commence le cycle romanesque « À la recherche du temps perdu ».
Le héros, un petit Parisien, vient séjourner chez sa grand-tante Léonie.
Le narrateur raconte alors ses souvenirs d'enfance et d'adolescence.
Combray, c'est en grande partie Iliers-Combray, mais avec de très nombreuses transformations pour les besoins du roman.
Du côté de chez Swann : la madeleine
« Et tout d'un coup le souvenir m’est apparu.
Ce goût c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après lavoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. »

L’église
« Combray, de loin, à dix lieues à la ronde, vu du chemin de fer quand nous y arrivions la dernière semaine avant Pâques, ce n’était qu'une église résumant la ville, la représentant, parlant d'elle et pour elle aux lointains… »
Autrefois dénommée Saint-Jacques elle devient Saint-Hilaire : l'église d'lliers-Combray est placée sous le patronyme de Saint-Jacques.
Il existait une seconde église, disparue au cours de la Révolution, placée sous le patronyme de Saint-Hilaire qui a laissé depuis son nom a un quartier de la ville.
Dans son roman Marcel Proust a interverti le nom de l'église Saint- Jacques avec celui de l'église disparue.
Peut-être s'agit-il d'une manière de dissocier davantage réalité et fiction.
L'église d'Illiers a une chapelle collatérale sous sa tour, qui devient à Combray la chapelle Gilbert le Mauvais.

La cuisine de la maison de tante Léonie
La maison
La maison de tante Léonie, aménagée en musée en 1958, était autrefois celle de Jules et Élisabeth Amiot, l’oncle et la tante paternels de Marcel Proust.
Enfant, le futur écrivain y passa ses vacances dans les années 1877-1880, et y retourna probablement à l'occasion du décès de sa tante en 1886 - Il avait quinze ans.
Magnifiés par la littérature, certains souvenirs de ces séjours se retrouvent dans le premier tome de « A la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann ».

Le Loir coule en bordure du jardin du Pré catelan
Le Pré catelan
Classé jardin remarquable en 2002, ce jardin d’agrément a été dessiné par Jules Amiot, « l’oncle horticulteur » de Marcel Proust dans « Jean Santeuil ».
L’écrivain en a fait « Tansonville », jardin propriété du voisin de campagne « M. Swann ».
Il en célèbre « la haie d’aubépines » qui monte à la « barrière blanche » …

Marcel Proust enfant
Pourquoi lire Marcel Proust
Dans le monde de la littérature, certaines œuvres se sont imposées comme des incontournables, des chefs-d’œuvre intemporels qui continuent de fasciner les lecteurs d’aujourd’hui.
Parmi ces œuvres, « Du côté de chez Swann » de Marcel Proust occupe une place privilégiée.
Publié en 1913, ce chef-d’œuvre de Marcel Proust inaugure l’ambitieuse saga « À la recherche du temps perdu ».
Ce roman se distingue par un style unique : des phrases longues et complexes, parsemées de digressions, qui plongent le lecteur dans la psychologie des personnages et les subtilités de leurs émotions.
Cette exigence stylistique, bien que parfois ardue, confère à l’œuvre une profondeur inégalée.
Le récit s’ancre dans la mémoire et le passage du temps.
Proust explore les souvenirs du narrateur, depuis son enfance à Combray jusqu’à ses premières amours.
Cette réflexion sur la mémoire involontaire met en lumière la manière dont le passé façonne notre identité et influence notre perception du présent.
L’exemple célèbre de la madeleine trempée dans le thé illustre parfaitement cette idée.
Par ailleurs, le roman dresse un portrait marquant de Charles Swann, un homme partagé entre amour et jalousie.
Son histoire sentimentale permet à Proust d’analyser les souffrances de l’amour, entre passion et désillusion.
À travers lui, l’auteur offre une réflexion sur les désirs humains et leurs contradictions.

L'église et son marché
« Du côté de chez Swann » est aussi une fresque sociale détaillée, décrivant avec précision la société mondaine parisienne du XIXe siècle, ses intrigues et ses hypocrisies.
Proust observe avec finesse le jeu des apparences et met en lumière la vacuité de ces cercles sociaux.
Son regard critique sur cette aristocratie contraste avec sa quête de beauté, omniprésente dans le texte.
Musique, peinture, nature :
chaque détail devient un élément précieux contribuant à la recherche du sens de l’existence.
En somme, ce roman est une immersion fascinante dans le monde proustien.
Entre mémoire, introspection et observation sociale, il invite à une réflexion profonde sur la vie et la beauté des instants fugaces.
Par sa richesse et sa complexité, « Du côté de chez Swann » reste une œuvre incontournable de la littérature française, dont la lecture constitue une véritable expérience intellectuelle et sensorielle.
Un dernier conseil :
éviter les 40 premières pages rébarbatives…

Manuscrit "Du côté de chez Swann"
En pratique
Y aller
- Par le train, évidemment !
Pour une authentique expérience proustienne , le chemin de fer s’impose !
Ainsi, vous partirez de la gare Paris-Montparnasse pour changer à Chartres et poursuivre jusqu’à Iliers-Combray :
il vous en coûtera de 2 à 3 heures de temps
- Sinon par la route, toujours de puis Paris : prendre l’A10 ou la RN10 puis l’A11 et compter 1h10 à 2h10
Visiter
- le Musée Marcel Proust
La Maison de Tante Léonie - Musée Marcel Proust figure cette année en finale régionale du concours du "Monument préféré des Français" (FranceTV) !
- l’Église Saint-Jacues
L’église Saint-Jacques d’Illiers-Combray, appartient au diocèse de Chartres et se trouve sur l’un des chemins menant au lieu de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Vous pourrez y voir la stalle où Marcel Proust enfant y assistait à la messe en compagne de sa grand-mère.
- le Jardin du Pré Catelan
Classifié « Jardin remarquable » entre ville et campagne, dans la vallée du Loir, se situe le jardin paysager dessiné par Jules Amiot, « l'oncle horticulteur » de Marcel Proust, au 19ème siècle...
Se restaurer, prendre un verre
- La madeleine d’Illiers
13 Place de L'église
28800 Illiers-Combray
+33 9 53 33 83 06
Cuisine familiale proposant des plats simples et bons, un accueil très cordial, vin plaisant...
On peut y aller en confiance et avec un deux menus, excellent rapport qualité/prix.
Et pour le dessert, rien de tel que le café gourmand accompagné de sa fameuse et délicieuse madeleine (1).
Salle sympathique avec des œuvres accrochées au murs qui évoquent Proust avec talent dans un style BD qui ajoutent au charme du lieu.
Agréable terrasse, face à l’église, pour les beaux jours.
(1) La madeleine aurait été créée en 1755 dans le château de Commercy.
Le roi Stanislas de Pologne y recevait Voltaire et Madame de Châtelet.
Pour l'occasion, le roi demanda à sa cuisinière, Madeleine, de confectionner un gâteau inédit.

Lire
Du côté de chez Swann
Le 14 novembre 1913 paraît Du côté de chez Swann de Marcel Proust, le premier tome de « À la recherche du temps perdu » qui concourt à fonder l'esthétique du XXème siècle.
La création de l'univers de Swann invite Proust à transfigurer et à approfondir les grandes questions de sa vie.
Comment l'adulte revit-il son roman familial ?
La maladie est-elle nécessaire à la création ?
Comment déguiser et universaliser son expérience amoureuse ?
Mais à travers ces questions l'écrivain révolutionne l'art du roman.
Le narrateur, qui pourtant dit : « je, n'est pas l'auteur ».
Livré aux interprétations multiples, le roman s'enrichit de son mystère même.
L'histoire d'une vocation d'écrivain ou la recherche du temps perdu, quel sujet l'emporte en fin de compte ?
Quel rôle joue exactement Swann par rapport au narrateur ?
Les réponses sont à chercher dans les symboles et la construction d'une œuvre conçue comme une cathédrale.
Pour rappel :
éviter les 40 premières pages rébarbatives…