À cheval : le portrait équestre dans la France de la Renaissance
- Olivier THIBAUD

- 15 oct. 2024
- 4 min de lecture

Château d’Écouen - Musée national de la Renaissance
(par Olivier THIBAUD)
Les chevaux occupaient une place importante dans l'art de la Renaissance. Ils symbolisaient le pouvoir, la noblesse et la majesté. Les artistes comme Léonard de Vinci ont étudié les chevaux en détail pour mieux comprendre leur anatomie et les représenter avec précision dans leurs œuvres.
Les fresques de Paolo Uccello, notamment "La Bataille de San Romano", montrent des chevaux en pleine action, mettant en avant leur dynamisme et leur élégance.
Les chevaux étaient souvent représentés dans des scènes de bataille ou comme montures de personnages importants, soulignant ainsi leur importance culturelle et sociale à l'époque.
Ainsi, et jusqu’au 27 janvier 2025, le Château d’Écouen - Musée national de la Renaissance – présente dans l’appartement de la reine Catherine de Médicis l’exposition intitulée « À cheval : Le portrait équestre dans la France de la Renaissance ».
Cette dernière met en lumière la symbolique forte et les profondes transformations de la figure équestre au cours de la Renaissance.
Elle réunit plus de 160 d’œuvres provenant d’institutions prestigieuses étrangères et françaises :
Windsor – The Royal collection, le musée du Louvre, la Bibliothèque nationale de France, musée national du château de Pau, les Archives nationales, le musée de l’Armée, la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, le musée Carnavalet…

Henri II à cheval
Le portrait équestre, un symbole du pouvoir
Dans la culture occidentale, la figure du cavalier incarne l’ambition du pouvoir.
Durant la Renaissance, les grands personnages de la cour de France ont particulièrement recours à ce thème et les artistes à leur service œuvrent à créer des mises en scènes inédites.
Issue de la tradition médiévale, le portrait à cheval sur le champ de bataille ou en tournoi reste intrinsèquement lié à la chevalerie.

Henri IV à cheval
Le renouvellement de la figure équestre
Sous le règne de Charles VIII, les Guerres d’Italie assurent un regain d’intérêt à ce thème.
Mais ces guerres sont aussi l’occasion de découvrir un nouveau langage, fondé à la fois sur les grands modèles antiques et sur les inventions littéraires italiennes.
Les grandes fêtes et les entrées royales, où la parade à cheval joue un grand rôle, participent aussi au renouvellement de la mise en scène équestre en peinture et en sculpture.

Louis XIII enfant à cheval
Une représentation du pouvoir démultipliée
La France développe aussi des expériences spécifiques.
Durant les Guerres de Religion, la représentation presque journalistique des événements contribue à un nouveau type de portrait à cheval.
Le peintre Jean Clouet crée pour François Ier une image appelée à devenir un véritable modèle :
le cheval et son cavalier sont de profil, mais le souverain tourne la tête de trois quarts.
La monture, au passage (1), est richement caparaçonnée et le roi en armure.
Cette représentation est ensuite reprise par tous les rois Valois et par les Bourbons.
Elle est même déclinée pour de grands personnages de la noblesse du temps d’Henri IV et elle fait l’objet d’une variante à l’antique à partir du règne de Charles IX.
Sous le règne d’Henri IV, le portrait équestre est démultiplié par le biais de l’estampe : tout en continuant à employer la mise en scène des Valois, les artistes au service des Premiers Bourbons inventent des formules poses inédites : le roi sur le cheval dressé, le roi à la chasse ou encore le cavalier enfant, lorsque le jeune Louis XIII, âgé de seulement neuf ans, monte sur le trône.

Henri IV à cheval
La statue équestre
Les ambitions de la Renaissance en matière d’image équestre culminent autour de la question de la statue équestre, dont il ne reste malheureusement presqu’aucun exemple en France. Fragments, écrits et dessins, permettent néanmoins d’en saisir l’histoire. C’est tout d’abord une quête de forme qui oscille entre le modèle impérial antique et la figure du cheval dressé expérimentée par Léonard de Vinci. C’est aussi une nouvelle mise en contexte de la statue équestre.
Si elle figure aux portes des villes ou des palais ou dans les décors de fête et les entrées royales, elle vient aussi couronner les tombeaux et elle investit tardivement l’espace public, comme la pointe du Pont-Neuf à Paris, ouvrant la voie au grand concept de « place royale », écrin de la statue équestre du souverain, que le XVIIe siècle fera triompher.

L'entrée de la reine Éléonore d'Autriche, épouse de François 1er, à Toulouse en 1533
L’exposition présente tour à tour :
Une civilisation équestre
Combattre et paraître
L’équitation en France à la Renaissance
L’idéal chevaleresque dans la France de la Renaissance
L’héritage médiéval
Le modèle antique
Fêtes et parades équestres
Les femmes et le cheval en France à la Renaissance
Les Valois à cheval
Henri IV, le roi à cheval. Vers 1600-1610, quelques éclats de portraits
La statue équestre en France

Cheval au "passage"
(1)
Le passage est une allure naturelle du cheval, qui consiste en un trot diagonalisé, écourté et raccourci, rassemblé et cadencé. Il est caractérisé par un temps de suspension entre le moment où le cheval soulève deux jambes opposées en diagonale et le moment où il les pose.

À lire :
Le superbe ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition « À cheval : le portrait équestre dans la France de la Renaissance »
du 16 octobre 2024 au 27 janvier 2025.
Coédition : Musée national de la Renaissance / In Fine éditions d’art
Reliure : Cartonnée contrecollée
Pages : 320
Illustrations : 270
Format : 20 x 25 cm

L'entrée du château d'Écouen
Informations pratiques
Le château d'Écouen, situé à vingt kilomètres au nord de Paris, surplombe la belle étendue de la plaine du pays de France à la rencontre de la forêt de Chantilly.
Il abrite aujourd'hui les collections exceptionnelles du musée national de la Renaissance.
Où ?
Allée du château
95440 Ecouen
Ouverture
Tous les jours (sauf le mardi, le 25 décembre et le 1er janvier)
de 9h30 à 12h45 et de 14h00 à 17h15
Comment venir ?
En voiture :
Accès par l'autoroute (à 19 km de Paris)
En transports en commun :
Accès par le train (SNCF)
Gare du Nord banlieue :ligne H (voie 30 ou 31)25 minutes






























