Le Wayang Kulit, ou théâtre d’ombres de Java et Bali
- Olivier THIBAUD
- 12 nov. 2024
- 3 min de lecture
(par Olivier THIBAUD)
C’est jusqu’au 23 mars 2025 au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac que le public est invité à découvrir le fameux théâtre d'ombres wayang kulit des îles de Java et Bali.
Le wayang ou théâtre d'ombres est un spectacle traditionnel et populaire dans ces deux îles.
Wayang signifie « ombre ». Sa forme la plus courante est le wayang kulit, où les figurines consistent en marionnettes plates de cuir (kulit veut dire « cuir »).
Dieux, créatures fantastiques, sorcières...
C’est précisément sur ces deux îles indonésiennes réputées pour leurs plages de sable blanc, rizières en terrasses, volcans actifs et surtout une culture riche qu’est né le théâtre d'ombres wayang kulit, un spectacle performance allant bien au-delà du simple divertissement.
Art populaire et millénaire, le théâtre d’ombres wayang kulit est l’une des plus anciennes traditions théâtrales d’Indonésie qui, encore aujourd’hui, s’adresse aux publics de toutes origines et de tous âges.
Marionnettes plates de cuir
Ancien art de cour, il devient au fil du temps un spectacle populaire et son répertoire évolue à la lumière des mutations de la société.
Le wayang kulit est lié au calendrier rituel et agraire ou aux célébrations familiales.
La représentation dure une nuit entière et consiste à rétroéclairer un écran à l’arrière duquel un artiste appelé dalang manipule des figures plates découpées dans le cuir et fixées sur des baguettes.
Derrière un écran le dalang projette les ombres des marionnettes sur une toile, créant une scène captivante.
Lampes à huile projetant les ombres des marionnettes
Le wayang kulit remonte au 10ème siècle, il est basé sur des classiques de la littérature indienne, tels que le Mahabharata et le Ramayana.
Le spectacle est souvent accompagné par un orchestre de gamelan, composé d'instruments de percussion traditionnels, et parfois d'une flûte.
Le dalang prête sa voix à tous les personnages, chante et dirige l'orchestre.
Inscrit au patrimoine culturel mondial
Le wayang kulit a été inscrit en 2008 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO !
La bénédiction des instruments de musique
Deux questions aux commissaires de l'exposition
F.A. : D'où vient cette tradition du théâtre d'ombres en Indonésie et quelles sont ses spécificités ?
Constance de Monbrison, responsable des collections Insulinde au musée du quai Branly :
Elle vient en grande partie de la mythologie indienne qui s'est mêlée à la mythologie indonésienne au cours des siècles.
Les influences se répondent et offrent une grande palette de jeux et d'histoires.
On y trouve les épisodes classiques des épopées du Mahâbhârata et du Râmâyana, mais aussi des histoires légendaires purement javanaises comme celles du Prince Pandji ou de Damar Wulan.
L'idée géniale de montrer l'ombre d'une marionnette, son reflet à la lumière d'une lampe à huile, permet des effets de zoom ou au contraire d'éloignement, de floutage ou de netteté.
Le dispositif place d'emblée le spectateur, s'il est du côté de l'ombre, dans un état imaginaire particulier.
Ces épopées proposent plusieurs degrés de lectures. Au-delà de l'intrigue et de I'histoire qui vous emportent, on peut y déceler tous les tiraillements inhérents à la nature humaine, nos personnages intérieurs, avec lesquels nous bataillons quotidiennement.
Le dalang (le montreur d'ombres), par son talent, sa culture et son humour est un véritable enseignant-performeur.
Présentation par Julien Rousseau
Julien Rousseau, responsable de l’unité patrimoniale Asie au musée du quai Branly :
Traditionnellement, le spectacle commence à la tombée de la nuit pour se terminer au lever du jour.
Le théâtre est un lieu de vie où le public n'est pas censé rester statique.
Les spectateurs peuvent s'installer devant l'écran, du côté des ombres, ou derrière, du côté du dalang et de l'orchestre.
Le dalang manipule toutes les figures d'ombres et interprète les dialogues.
Il dirige aussi le gamelan, l'orchestre de percussions et métallophones qui accompagne la représentation.
Les pièces classiques se déroulent en trois ou quatre actes.
Le premier acte introduit le récit et son contexte philosophique, les actes suivants montent en intensité narrative, d'action et d'émotions.
Le dernier acte met en scène les batailles finales et la résolution de l'intrigue.
INFORMATIONS PRATIQUES
Du 12 novembre 2024 au 23 mars 2025
Atelier Martine Aublet
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac
37 quai Branly, 218 et 206 rue de l’université
75007 Paris
HORAIRES D’OUVERTURE DU MUSÉE
Mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 10h30 à 19h.
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h.
Fermeture hebdomadaire le lundi en dehors des vacances scolaires
