Galerie Christophe Person : le monde onirique de Mamadou Cissé
- Olivier THIBAUD

- 7 sept. 2024
- 4 min de lecture

Versailles (détail) par Mamadou Cissé
(par Olivier THIBAUD)
Il y a un peu du Facteur Cheval chez Mamadou Cissé (Casamance, Sénégal) : il dessine sans cesse un monde urbain imaginaire, idéalisé, un monde coloré, immobile, onirique !
C’est à la Galerie Christophe Person, 39 rue des Blancs-Manteaux dans le très animé 4ème arrondissement de Paris que vous pourrez admirer ses œuvres ainsi que celles de Paul Ndema (Ouganda) et Samuel Nnorom (Nigeria) et ce jusqu’au 12 octobre 2024.

Christophe Person (à d.) porte le carré Hermès créé par Mamadou Cisssé (à g.)
Mamadou Cissé
Né en 1960 en Casamance au Sénégal, vit et travaille à Fresnes en France.
Après avoir quitté le Sénégal pour la France à l'âge de 18 ans, cet artiste autodidacte empruntera plusieurs voies avant de commencer à dessiner.
Et c'est lorsqu'il était agent de sécurité que ses veillées nocturnes furent l'occasion de ses premiers travaux au stylo à bille.
Autodidacte, Mamadou Cissé a toujours pratiqué le dessin.
Sous son trait, naissent des ensembles urbains.
Vus du ciel, ils sont articulés autour d’axes de circulation dans un savant jeu de perspectives.
Les yeux de cet artiste-urbaniste s’élèvent vers les hauteurs, vers ces espaces que l’homme a peu à peu conquis.
Ses dessins exécutés au moyen de stylos et de feutres colorés deviennent des manifestes de villes rêvées.
Inspiré par des architectes tels que Le Corbusier ou encore Gustave Eiffel, Mamadou Cissé imagine des villes utopiques.
Dans ses prochains travaux, il souhaite se concentrer sur la connexion des villes africaines avec les rivières naturelles ou artificielles.
L’étude des rivières peuvent nous permettre de mieux gérer les distributions des eaux et nous prémunir des inondations.

Mamadou Cissé Sénégal, b. 1960
Château de Versailles et ville, 2019
Feutre, stylo BIC et gel sur papier
60 x 60 cm

Mamadou Cissé
Welcome to San Francisco, 2020
Feutre, stylo BIC et gel sur papier
24 x 34 cm
Paul Ndema
Né en 1979, vit et travaille à Kampala, Ouganda.
Depuis 2011, Paul Ndema s'intéresse aux nattes de sol traditionnelles de l’Afrique de l'Est, utilisées en Tanzanie, au Kenya, dans les pays bantous ou chez les Nubiens du Sud-Soudan.
Ndema tend à dresser un portrait complexe et multiple à partir de ces objets :
le portrait de l'objet lui-même, le portrait de son fabricant et d'une certaine manière, le portrait de leur trace.
Percevant que ces nattes avaient une valeur significative, Ndema a voulu s’en approcher.
Il a pensé qu’en représentant ces nattes en peinture, il pourrait raconter leurs histoires.
Son processus intègre un échange avec les tisserandes à qui il achète les nattes et avec lesquelles il partage de longues conversations sur leurs histoires, leurs intentions lorsqu’elles les fabriquent.
Comme la boucle hélicoïdale de la molécule d'ADN qui définit la forme d'un être vivant, Ndema fait une empreinte de la natte sur la toile.
Il utilise une technique spécifique qui lui est propre, à mi-chemin entre le monotype et la sérigraphie.
Puis, comme une personnalité se révèle au fil de la conversation, Ndema ajoute ses détails avec différentes épaisseurs de pinceau, en utilisant des éclaboussures, des taches, des traits.

Paul NDEMA, “Nankufa”, 2024
Samuel Nnorom
Né en 1990, Abia state, Nigeria ; vit et travaille in Jos-north au Nigeria
Samuel Nnorom est un artiste multi-primé dont l’œuvre croise poétiquement la sculpture en tapisserie et le tissu wax.
Dès sa plus tendre enfance, des éléments qui façonnent aujourd’hui sa pratique contemporaine l’entourent :
les restes colorés de l’atelier de couture de sa mère cristallisent sa vocation artistique.
Autoproclamé « gardien de la culture matérielle », Nnorom puise uniquement dans la matérialité, consacrant son art au recyclage du textile et à une réflexion sociologique sur la condition humaine.
Samuel s’intéresse à la politique que les vêtements/tissus usagés/jetables jouent sur les conditions humaines.
Grâce à la couture de vêtements superposés et à l’attache de lanières de tissu croisées sur la surface comme une balle de vêtements usagés importés suggèrent des limitations causées par le néo-colonialisme, la mode rapide « Fast Fashion »), la consommation, la mauvaise décision politique, les déchets environnementaux et les répercussions économiques négatives sur le développement de l’industrie textile locale de son pays.

Samuel Nnorom, tapisserie en chutes de tissu wax

"Pantin City" carré de soie pour Hermès par Mamadou Cissé
Hermès
Les secrets du carré de soie
C'est un Pantin futuriste et chatoyant que nous livre Mamadou Cissé avec ce dessin.
Vu du ciel, le paysage d'une utopie architecturale laisse deviner toute l'effervescence créative de la ville.
Sous nos yeux, le territoire géométrique et coloré semble s'anime.

Bruno Bich (à g.) et Mamadou Cissé (à d.) au CENTQUATRE-PARIS lors de l’exposition de la Collection BIC d’art contemporain
Le Baron Bruno Bich nous a hélas quittés le 31 mai 2021.
Passionné d’art, il a été à l’origine de la Collection BIC d’art contemporain.
Son père, Marcel Bich avait lancé, en 1950, le fameux stylo à bille Bic Cristal, qui donne tout de suite des idées aux artistes.
Entre Bic et Mamadou Cissé c’est une histoire qui remonte à 2016, ce dernier se souvient :
« C’est à ce moment que Bruno Bich repérait mon travail en achetant quelques uns de mes tableaux qu’il intégrait à sa collection d’art contemporain.
Plus qu’un mécène, c’est un ami que j’ai perdu avec lui ! »

Mamadou Cissé
Eco Futur Venise, 2016
Feutre, stylo BIC et gel sur papier
24 x 34 cm


