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Forum mondial Normandie pour la Paix : comment gagner la paix…

Updated: Sep 30



(par Olivier THIBAUD)

En 2018 était lancé à Caen le Forum mondial Normandie pour la Paix.

« Normandie pour la Paix » organise et accompagne tout au long de l’année de nombreuses initiatives menées au niveau régional et international.


La 7ème édition du Forum s’est tenue les 26 et 27 septembre 2024 derniers sur le thème :

« Ce monde qui nous échappe. Comment gagner la paix face aux nouvelles violences ? »


Hervé Morin, Président de la Région Normandie


Hervé Morin, Président de la Région Normandie, en a ainsi ouvert le propos :

« il n’y a pas d’événement comme ça dans le monde, parce qu’il réunit de l’émotion, il réunit de la générosité, il rassemble à la fois des sachants et puis la jeunesse de Normandie et d’ailleurs, jusqu’à Aubervilliers et Saint-Pierre-et-Miquelon… »

Mais en cette année 2024, l’événement revêt un accent particulier :

« … j’ai en mémoire, j’imagine comme vous, les cérémonies du 80ème anniversaire du Débarquement et ses vétérans qui, jusqu’à leur dernier souffle, resteront les ultimes passeurs de la mémoire du 6 Juin.

Ce jour à jamais le plus long, ce jour pour lequel, je l’espère, nous ferons en sorte, génération après génération, qu’il n’ait jamais de crépuscule, qu’aucune pénombre ne vienne jamais oublier la bravoure des soldats alliés tombés en Normandie et en Europe.

Qu’aucune pénombre ne vienne jeter aux oubliettes de l’histoire l’effort conjugué de nos démocraties pour réaliser cette immense prouesse logistique et militaire que fut le Débarquement. »

Et de poursuivre :

« Ce monde nous échappe, mais il n’est pas question pour nous de renoncer à vouloir construire la paix.

Comme Sisyphe poussant inlassablement son rocher vers le haut de la colline, nous devons demeurer envers et contre tous les artisans de la paix.

Je le dis aux jeunes :

protestez, témoignez, proposez, tout sauf la résignation et le silence, tout sauf l’indifférence. »



Et de rappeler ces mots d’Elie Wiesel, Prix Nobel de la Paix 1986 :

« J’ai juré de ne jamais me taire quand des êtres humains endurent la souffrance et l’humiliation, où que ce soit.

Nous devons toujours prendre parti.

La neutralité aide l’oppresseur, jamais la victime.

Le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté ».


Et de conclure par ce message :

« Il n’y a pas de sécurité s’il n’y a pas des droits de l’Homme et s’il n’y a de démocratie.

Elle peut être probablement la plus imparfaite qui soit, mais sans démocratie, sans liberté des peuples, vous n’avez jamais de paix et de sécurité.

C’est ça, la leçon qu’on doit retenir chaque jour.

Chaque jour, même quand on en doute, même quand on va voter, avoir en tête que la démocratie est la clé de la paix et de la sécurité ! »


Quatre mille lycéens : la jeunesse de Normandie et d’ailleurs, jusqu’à Aubervilliers et Saint-Pierre-et-Miquelon


Pour cette année, étaient accueillis à Caen, dans l'enceinte historique de l'Abbaye aux Dames, quelque cent trente intervenants internationaux et plusieurs milliers de participants dont plus de quatre mille lycéens.


la crypte de l'abbatiale de l'Abbaye aux Dames


En ouverture le thème retenu était « Comprendre la violence de la bascule du monde »


Autrefois, la paix était presque exclusivement menacée par la violence d’Etat, celle des voisins et des rivaux, portée par des armées dites « régulières ».

Aujourd’hui, il en va tout autrement :

les violences qui pèsent sur la scène internationale sont de diverses natures.

Comprendre ces nouvelles violences et en saisir les enchaînements permet de mieux les prévenir et de les contrôler.


Bertrand Badie, ou l'art de la paix


Pour analyser ce paysage inédit et en appréhender ses implications politiques est impératif pour sortir du statu quo et construire la paix de demain, le débat était lancé par le professeur Bertrand Badie (1) , diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’Institut national des langues et civilisations orientales, est agrégé et titulaire d’un doctorat en science politique.

Ses recherches portent sur la sociologie et la théorie des relations internationales, la politique comparée, le multilatéralisme, l’opinion publique internationale, l’évolution de l’Etat et de la souveraineté dans les relations internationales ainsi que sur la culture politique.

A l’heure actuelle, Bertrand Badie est un penseur majeur qui contribue à renouveler notre compréhension des relations internationales.



Parmi les panélistes le professeur Adekeye Adebajo à proposé quelques pistes de réflexion.

Adekeye Adebajo est un éminent chercheur et expert en relations internationales africaines.

Titulaire d’un doctorat de l’Université d’Oxford en Angleterre, il enseigne à l'Université de Pretoria, Afrique du sud :

figure incontournable de la recherche sur l'Afrique, il est notamment connu pour ses travaux sur les conflits en Afrique, les relations entre l'Afrique et les puissances mondiales, ainsi que sur la construction de la paix.

Ses recherches ont un impact significatif sur la compréhension des dynamiques complexes qui façonnent l'Afrique contemporaine.


Un mois après la célébration des Jeux Olympiques à Paris, la table ronde « Le sport peut-il servir la paix ? » avait toute sa place.

Véritable outil de soft power, de plus en plus utilisé par les États pour asseoir leur rayonnement à travers l’organisation de compétitions internationales, parfois au cœur d'incidents diplomatiques, le sport n’est ni neutre, ni dénué de liens avec les enjeux géopolitiques.

À travers son influence sur les sociétés et les peuples, et alors qu'il s'affirme comme un domaine à part entière sur la scène des relations internationales, le sport est-il en mesure de participer activement à la construction de la paix ?

Pour répondre à ces questions le débat était mené par Pascal Boniface , géopolitologue français reconnu, fondateur et directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Figure incontournable du paysage intellectuel français, publiant régulièrement des ouvrages et articles sur la géopolitique internationale. Ses analyses éclairées et son expertise font de lui un intervenant très sollicité dans les médias.

En bref, Pascal Boniface est un spécialiste de renommée mondiale de la géopolitique, qui contribue à décrypter les enjeux internationaux complexes pour le grand public.

Côté sport, Pascal Boniface est membre du Conseil national de l’éthique de la Fédération française de football.

Il est par ailleurs consultant pour les questions géopolitiques du Musée de l’Olympisme et consultant géopolitique pour l’ONG Peace and Sport.




Et comme autre panéliste, qui de plus légitime que Lilian Thuram (2), né en Guadeloupe, est un ancien footballeur international français devenu un fervent défenseur de l'égalité et de la lutte contre le racisme.

Après une brillante carrière professionnelle, marquée notamment par deux buts en demi-finale de la Coupe du Monde 1998, il s'est engagé dans des actions sociales et a créé la Fondation Lilian Thuram-Éducation contre le racisme.

Il est reconnu pour ses prises de position claires et son combat pour une société plus juste.

Lilian Thuram a créé en 2008 la fondation Éducation contre le racisme, pour l’égalité.


Si le conflits du proche Orient et le conflit Russie-Ukraine tiennent aujourd’hui le devant de la scène, il convient e ne pas occulter l’Afrique secouée par de dramatiques événements (Kivu à l’est de la République démocratiqie du Congo, Corne de l’Afrique, Soudan, Etats du Sahel…)


Quels chemins prend l’Afrique ?


L’Afrique est aujourd’hui le théâtre de profonds bouleversements qui modifient les contours de ses régions et de son propre système multilatéral et les relations inter-africaines.

Certains gouvernements, rejoints par les opinions publiques, manifestent une hostilité croissante envers les partenaires traditionnels.

Ce phénomène encourage l’émergence de nouvelles alliances avec divers acteurs étrangers de plus en plus visibles sur le continent.

Ces dynamiques contribuent aujourd’hui à modifier en profondeur le visage et la trajectoire internationale de l’Afrique.


Niagalé Bagayoko , politologue


Pour tenter d’en savoir plus les débats étaient conduits par Niagalé Bagayoko , politologue française d'origine malienne, reconnue pour ses travaux sur les questions de sécurité en Afrique.

Docteure en science politique, elle a mené de nombreuses recherches sur les systèmes de sécurité en Afrique francophone, les politiques de sécurité occidentales sur le continent et les mécanismes africains de gestion des conflits.

En bref, c’est une experte de renommée internationale sur les questions de sécurité en Afrique.

Elle est actuellement Présidente de l’African Security Sector Network (ASSN).

Elle intervient fréquemment dans de nombreux médias à l’audience internationale,.


Les panélistes étaient les suivants :



Abdelhak Bassou est une figure reconnue dans les domaines de la politique et de la sécurité en Afrique.

Avec une longue carrière dans les services de sécurité marocains, il est aujourd'hui chercheur et analyste.

En bref, Abdelhak Bassou est un expert de renom sur les questions de sécurité et de politique en Afrique, avec une expérience unique à la croisée des mondes politique, académique et analytique.



Yvan Guichaoua est chercheur indépendant en analyse des conflits.

Il est titulaire d’un doctorat en économie de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Paris) et a occupé successivement des postes de recherche et d’enseignement dans les universités d’Oxford, Yale et East Anglia.

Depuis 2004, Yvan étudie les dynamiques de mobilisation violente en Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Nigeria, Mali, Niger).



Medhane Tadesse est un universitaire spécialisé dans les politiques de paix et de sécurité en Afrique.

Actuellement chercheur principal en géopolitique basé à l’IMAF/IRD (Institut des mondes africains/Institut de recherche pour le développement) à Paris.

Medhane est professeur invité en études globales au King’s College de Londres et enseigne à Sciences Po, Paris.


Autres personnalités…


Assaad Chaftari combattant pour la paix


Assaad Chaftari a pris une part active à la guerre civile au Liban.

Il était principalement un haut responsable des services de sécurité et de renseignement des Forces Libanaises Chrétiennes (LF).

Depuis 2016 il est membre, , du Réseau Mondial des Bâtisseurs de Paix et co-fondateur des Combattants pour la paix au Liban.


Ndume Olatushani milite contre la peine de mort


Ndume Olatushani est un Américain qui a été condamné à mort à tort pour un meurtre.

Après 28 ans de prison, dont 20 dans le couloir de la mort, il a été acquitté. Il est devenu un fervent opposant à la peine de mort.



Niagalé Bagayoko décrypte les « Mots pour la paix » sur web TV5 Monde


© Hugh Kinsella Cunningham, camp de réfugiés au Kivu



Crises, coups d'État, guerres, menaces transnationales, ingérences extérieures, réchauffement climatique :

la stabilité de l'Afrique et la sécurité des populations civiles sont en péril.

À travers vingt mots, la politologue Niagalé Bagayoko décrypte les défis sécuritaires et les dynamiques en cours.


Les épisodes :


Épisode1

Réfugiés

Lundi 30 septembre 2024 - 16:23


Épisode2

Enfants

Mardi 1 octobre 2024 - 17:48


Épisode3

Femmes

Mercredi 2 octobre 2024 - 16:22


Épisode4

Inondations

Jeudi 3 octobre 2024 - 16:23

… à suivre


© Hugh Kinsella Cunningham, femmes réfugiées au Kivu


A lire



(1) Par Bertrand Badie

L’Art de la paix

Editions Flammarion

Essais

Nombre de pages 256


Séance de signatures pour Bertrand Badie


Sun Tzu, général chinois du VIᵉ siècle avant Jésus-Christ, a écrit un Art de la guerre qui aujourd’hui encore suscite l’intérêt de très nombreux lecteurs.

Tandis que la guerre refait irruption en Europe et au Proche-Orient, si l’on étudiait comment faire la paix au XXIᵉ siècle ?

C’est à cette mission que Bertrand Badie, le plus philosophe des professeurs en relations internationales, s’est attelé dans cet ouvrage à la portée universelle.

La paix a changé de nature.

Longtemps cantonnée à l’état de non-guerre, associée à des périodes de trêve obtenues par transactions géographiques, économiques, dynastiques, elle ne peut désormais être établie qu’à la condition d’être redéfinie, pensée comme un tout, considérée à l’heure de la mondialisation et des nouvelles menaces, notamment climatiques, qui pèsent sur notre planète.

S’appuyant sur quantité d’exemples historiques ou contemporains, Bertrand Badie dresse des perspectives :

faire primer le social sur le rapport de force, chercher à comprendre l’Autre, trouver les justes normes, combler ce qui nous sépare…

Revisitant des références essentielles d’Aristote à Kant, il propose neuf vertus à mettre en œuvre pour faire la paix.



(2) par Lilian Thuram avec Pascal Blanchard

Mes étoiles noires en images

Editions La Martinière

Collection Histoire Des Sociétés

Nombre de pages 296


« Nous avons tous besoin d’étoiles pour nous repérer, pour nous construire.

Quand j’étais jeune, on m’en a montré, réelles ou de fiction, toutes blanches :

Socrate, Charles Baudelaire, Marie Curie, le général de Gaulle, Superman…

Aucun modèle noir auquel me référer.

Pourtant, je suis convaincu que, si on nous en proposait, cela changerait nos imaginaires, nos représentations et certains préjugés racistes tomberaient.

Les Blancs ne pourraient-ils pas, eux aussi, s’identifier à des non-Blancs ?

J’ai donc voulu faire le portrait de ces femmes et de ces hommes noirs qui m’ont inspiré :

Lucy, notre ancêtre commune, Ésope, Anne Zingha, Alexandre Pouchkine, Joséphine Baker, Aimé Césaire, Martin Luther King, Colin Kaepernick…

Cette édition richement illustrée fait la part belle à des artistes, des scientifiques, des politiques, des écrivains, des militants, des sportifs…"

Les documents commentés mettent en lumière le contexte dans lequel ils ont vécu et lutté pour leur liberté et l’égalité.

« Ces étoiles noires m’ont permis de croire en l’espèce humaine, j’espère qu’elles éclaireront aussi votre chemin. »

Lilian Thuram


Lilian Thuram échange avec les jeunes




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